Le redoublement était devenu exceptionnel depuis le décret n° 2014-1377 du 18 novembre 2014 relatif au suivi et à l’accompagnement pédagogique. Les effets du redoublement sur les élèves n’est pas aussi bénéfique qu’on le pensait auparavant. Pourtant, le décret n° 2018-119 du 20 février 2018 est venu élargir les possibilités de redoublement. Explications.
Pourquoi le redoublement n’est-il plus la solution ?
Le redoublement (une nouvelle année dans le même niveau de classe) permet à l’élève, en théorie, d’avoir plus de temps pour comprendre certaines notions qui n'auraient pas été assimilées. En pratique, cela est redondant et les élèves se lassent généralement de refaire exactement le même programme que l'année précédente.
Le redoublement n’est plus considéré comme la solution la plus efficace et il n'est plus proposé qu'à titre exceptionnel pour plusieurs raisons.
Un coût élevé pour des résultats jamais prouvés
En France, 38 % des élèves ont déjà redoublé. Cependant, leurs résultats ne sont pas meilleurs que les enfants européens qui ne sont que 5 % à avoir redoublé. De plus, le coût du redoublement est d’environ 2 milliards d’euros par an.
Une situation douloureuse psychologiquement
Un enfant qui redouble le vit comme un traumatisme psychologique : ses camarades avancent alors qu'il reste, lui, au même point. Cela touche l'estime de soi, favorise le sentiment d’échec et le comportement de « mauvais élève qui baisse les bras ».
Bon à savoir : un élève redoublant est souvent étiqueté comme tel pendant toute sa scolarité, tant par ses professeurs que par ses camarades. Il peut souffrir d'une stigmatisation.
Les nouvelles propositions de l'Éducation nationale
Une scolarité par cycle
Depuis 1989, il existe des cycles dans la scolarité, et depuis 2005 un socle commun de connaissances et de compétences, approfondi en 2016.
Les cycles d’apprentissage durent 2 ou 3 ans et englobent des notions à apprendre tout au long du cycle et non plus sur une seule année.
Le socle commun de connaissances et de compétences regroupe toutes les notions qu’un élève doit avoir acquises à la fin du cycle en cours.
L’élève bénéficie ainsi de plusieurs années pour réussir les apprentissages attendus à la fin du cycle et non plus de l’année. Ce dispositif remet donc en question l’intérêt du redoublement et notamment en milieu de cycle.
Un accompagnement personnalisé
Un élève qui redouble refait toutes les notions de l’année, or, certaines sont acquises et d’autres non. Il vaut mieux alors proposer des enseignements adaptés aux seuls apprentissages non acquis. Pour cela, l’enseignant peut vous proposer de mettre en place un PPRE (programme personnalisé de réussite éducative) parfaitement adapté au cas particulier de votre enfant.
Dans quels cas le redoublement est-il accordé ?
Le décret de 2014 prévoyait que le redoublement pouvait être accordé si les parents de l'enfant le souhaitaient, lorsque la demande était justifiée par les situations suivantes :
- un déménagement ;
- une scolarité tronquée par des absences dues à des problèmes de santé ;
- un enfant relevant de la MDPH (Maison départementale pour les personnes handicapées) ;
- un refus d’orientation en fin de troisième et de seconde (enfant non affecté dans la spécialité demandée).
Le décret de 2018 redonne au conseil des maîtres (en primaire) et au chef d'établissement (dans le secondaire) le pouvoir de décider du redoublement.
Dans le primaire
Si l'élève rencontre des difficultés importantes d'apprentissage, un dispositif d'accompagnement pédagogique est mis en place. À titre exceptionnel, au terme de chaque année scolaire, dans le cas où le dispositif d'accompagnement pédagogique n'a pas pallié les difficultés de l'élève, un redoublement peut être proposé par le conseil des maîtres. Cette proposition prévoit au bénéfice de l'élève un dispositif d'accompagnement pédagogique spécifique qui peut prendre la forme d'un programme personnalisé de réussite éducative (PPRE).
La proposition du conseil des maîtres est adressée aux parents de l'élève qui font connaître leur réponse dans un délai de quinze jours. À l'issue de ce délai, le conseil des maîtres arrête sa décision. Les parents peuvent, dans un nouveau délai de quinze jours, faire appel de cette décision auprès d'une commission départementale.
En principe, le conseil des maîtres ne peut se prononcer que pour un seul redoublement durant toute la scolarité primaire d'un élève.
Bon à savoir : en principe, aucun redoublement ne peut intervenir à l'école maternelle.
Dans le secondaire
Si l'élève rencontre des difficultés importantes d'apprentissage, un dispositif d'accompagnement pédagogique est mis en place. À titre exceptionnel, au terme de chaque année scolaire, dans le cas où le dispositif d'accompagnement pédagogique n'a pas pallié les difficultés de l'élève, un redoublement peut être décidé par le chef d'établissement en fin d'année scolaire. Le redoublement s'accompagne d'un dispositif d'accompagnement pédagogique spécifique de l'élève concerné, qui peut notamment prendre la forme d'un programme personnalisé de réussite éducative (PPRE).
La décision de redoublement est notifiée par le chef d'établissement aux représentants légaux de l'élève ou à l'élève lui-même lorsqu'il est majeur. Ces derniers peuvent faire appel de cette décision. Sauf exception, une seule décision de redoublement peut intervenir avant la fin de la troisième.
Bon à savoir : la possibilité pour les élèves de troisième et de seconde de se maintenir dans leur classe quand l’orientation proposée ne leur convient pas reste valable.