Lorsqu’un enfant, à l'école, est insulté, menacé, battu, bousculé ou qu'il reçoit des messages injurieux à répétition, on parle de harcèlement scolaire. Comment reconnaître les signes du harcèlement scolaire chez votre enfant et comment l’aider ? On vous dit tout dans cet article.
Qu’est-ce que le harcèlement scolaire ?
D'après le site officiel contre le harcèlement nonauharcelement.education.gouv.fr, le harcèlement se définit comme « une violence répétée qui peut être verbale, physique ou psychologique. Cette violence se retrouve aussi au sein de l’école. Elle est le fait d’un ou de plusieurs élèves à l’encontre d’une victime qui ne peut se défendre. »
Le harcèlement est une violence répétée qui peut être verbale, physique ou psychologique. Elle s’explique par trois caractéristiques : la violence, la répétitivité et l’isolement de la victime.
Le harcèlement rejette la différence. Il peut donc intervenir sur l’aspect physique, un handicap, l’identité sexuelle, un trouble de la parole, des centres d’intérêt différents ou encore l’appartenance à un groupe social particulier.
Les signes de harcèlement scolaire
Votre enfant est peut-être victime de harcèlement. En observant son comportement, vous pouvez savoir si votre intuition est la bonne. Voici plusieurs signes qui ne trompent pas.
Refus d’aller à l’école
Que ses symptômes soient réels ou feints, votre enfant fait tout pour rester à la maison. Si vous trouvez qu'il est de plus en plus souvent malade (ou qu’il fait semblant de l’être), contactez l’infirmière de l’établissement ou le directeur afin de savoir s’il se rend souvent à l’infirmerie ou s’il se plaint au moment des récréations afin de les éviter.
À noter : se retrouver face à ses harceleurs durant la récréation est un moment extrêmement traumatisant pour votre enfant.
Changement de comportement à la maison
En grandissant, votre enfant se confiera moins qu’avant. Néanmoins, il faut veiller à observer certains comportements plus marqués : perte d’appétit, enfermement dans sa chambre et perte de dialogue.
Ces comportements peuvent être le signe d’un mal-être (suite à un simple chagrin d’amour, par exemple) mais ils peuvent également être révélateur d'une situation bien plus grave.
Changement de comportement en classe
Il peut arriver que votre enfant change également de comportement en classe : il ne participe plus, devient insolent. Votre enfant essaie ainsi d’adopter un comportement socialement « populaire », à savoir un comportement peu correct envers les adultes de l’établissement.
Bon à savoir : les changements de comportement sont souvent repérés par l’équipe enseignante. N’hésitez pas à contacter le professeur principal en cas d'apparition de mots dans le cahier qui n'existaient pas auparavant.
Baisse des résultats scolaires
Parallèlement à ce changement de comportement, votre enfant peut faire exprès d’avoir de mauvais résultats. Là encore, il s’agit de se rapprocher du comportement des élèves populaires qui sont rarement les meilleurs de la classe.
Cette baisse des résultat peut aussi être due à une baisse de l'attention : impossible pour votre enfant de se concentrer tant le harcèlement prend de la place dans sa vie quotidienne.
Remarque : évidemment, il ne faut pas s’alarmer trop vite. Il est possible que votre enfant rencontre des difficultés en raison d’un professeur plus exigeant, par exemple. Mais s’il a toujours été bon élève et que ses résultats baissent d’un seul coup, il faut commencer à s’inquiéter.
Des messages incessants sur Internet
À l’ère du numérique, le harcèlement prend également sa place sur les réseaux sociaux et par SMS : on parle de cyberharcèlement. Si votre enfant reçoit beaucoup de messages et qu’il s’en cache, cela peut être simplement une relation amoureuse. Mais s’il sursaute, change de tête puis d'attitude à la lecture d’un message, soyez vigilant : il peut s’agir de ses harceleurs qui le menacent en ligne.
Bon à savoir : la loi n° 2018-703 du 3 août 2018 a renforcé la lutte contre les nouvelles formes d'agressions telles que le cyberharcèlement, en modifiant les articles 222-33 et 222-33-2-2 du Code pénal. Le fait de participer à un acte de cyberharcèlement est désormais passible d'une peine d'emprisonnement de 3 ans et d'une amende de 45 000 €.
Aider son enfant victime de harcèlement
Privilégiez le dialogue
Le meilleur moyen d'aider votre enfant reste encore le dialogue : parlez de ce que vous avez remarqué, incitez-le à se confier lors d’un moment privilégié (déjeuner en tête-à-tête, virée shopping, promenade, etc.).
Évitez d'inciter votre enfant à se confier au moment des repas en famille. S’il arrive à parler, il le fera plus facilement auprès d’une seule personne.
Rassurez votre enfant
Les victimes de harcèlement se sentent souvent coupables et ont honte de ce qui leur arrive, ils pensent que c’est de leur faute : rassurez votre enfant, montrez-lui que vous êtes là.
S’il vous confie qu’il est bien victime de harcèlement, signifiez-lui votre soutien, soyez patient et faites preuve de tact : il lui a fallu du courage pour se confier, il faut qu’il sache que vous allez tout mettre en place pour l’aider.
Dites bien à votre enfant que rien n’est de sa faute. Il ne doit pas penser qu’il a quelque chose à se reprocher et doit sentir qu’il n’a plus rien à craindre.
Faites appel à des associations spécialisées
Prenez contact avec l’établissement afin de signaler ce qu’il s'y passe. Les responsables pourront ainsi être punis en conséquence. Sachez que certains harceleurs pourront alors menacer votre enfant de représailles : si c'est le cas, demandez à ce que votre enfant soit changé de classe ou même d’établissement.
Si vous n’arrivez pas à aider seul votre enfant, n'hésitez pas à faire appel à des associations de parents d’élèves ou des associations spécialisées dans le harcèlement. Un numéro vert est mis à votre disposition sur le site officiel nonauharcelement.education.gouv.fr.
Bon à savoir : vous pouvez appeler le numéro d'aide aux victimes, le 116 006, afin de bénéficier d'une aide et d'être orienté vers différents réseaux associatifs spécialisés. Par ailleurs, l'application mobile 3018 a vocation à assurer une prise en charge rapide et globale des enfants victimes de cyberharcèlement : prise de contact instantanée, stockage des preuves du harcèlement vécu, accès rapide à des fiches pratiques, auto-évaluation de sa situation à l'aide d'un questionnaire.
À noter : il existe un numéro vert (gratuit) national pour l'enfance en danger si vous êtes victime de violence ou inquiet pour l'un de vos camarades : 119 (24 h/24 et 7 j/7). Un tchat disponible sur le site allo119.gouv.fr permet aussi de contacter le 119 par écrit. Ce tchat est ouvert 7 j/7 aux mineurs et aux jeunes majeurs de moins de 21 ans, tous les jours de l’année, du lundi au vendredi de 15 h à 21 h, le samedi et le dimanche de 15 h à 19 h.
Harcèlement scolaire : un délit puni par la loi
La loi n° 2022-299 du 2 mars 2022 visant à combattre le harcèlement scolaire a créé un nouveau délit dans le Code pénal : celui de harcèlement scolaire. Ainsi, tout fait de harcèlement moral commis à l'encontre d'un élève, étudiant ou personnel des établissements scolaires et universitaires caractérise un fait de harcèlement scolaire. Ce harcèlement est puni de :
- 3 ans d'emprisonnement et 45 000 € d'amende lorsqu'il a causé une incapacité totale de travail inférieure ou égale à 8 jours ou n'a entraîné aucune incapacité de travail ;
- 5 ans d'emprisonnement et 75 000 € d'amende lorsque les faits ont causé une incapacité totale de travail supérieure à 8 jours ;
- 10 ans d'emprisonnement et 150 000 € d'amende lorsque les faits ont conduit la victime à se suicider ou à tenter de se suicider.
Cette même loi pose le principe du droit de suivre une scolarité sans harcèlement scolaire : « Aucun élève ou étudiant ne doit subir de faits de harcèlement résultant de propos ou comportements, commis au sein de l'établissement d'enseignement ou en marge de la vie scolaire ou universitaire et ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité, d'altérer sa santé physique ou mentale ou de dégrader ses conditions d'apprentissage ».
De plus, pour lutter plus efficacement contre le cyberharcèlement sur les réseaux sociaux, les téléphones portables et les ordinateurs utilisés pour harceler un élève ou un étudiant pourront être saisis et confisqués.
Des sanctions au niveau des établissements scolaires
Dans une école primaire ou maternelle, lorsque le maintien de l’élève harceleur au sein de l’établissement scolaire représente un risque pour les autres élèves, le directeur académique des services de l'Éducation nationale peut demander au maire de radier l'élève de l'école.
Cette demande de radiation est possible si, au préalable, des mesures éducatives ont été mises en place (renvoi de l'école pendant 5 jours maximum) et n'ont pas abouti à une amélioration. Au sein du nouvel établissement, l'élève harceleur fait l'objet d'un suivi pédagogique et éducatif renforcé.
S'agissant des collégiens et lycéens harceleurs, une procédure disciplinaire peut être mise en œuvre : blâme, exclusion temporaire ou définitive, etc. (décret n° 2023-782 du 16 août 2023).