Prévenir ses enfants sur les jeux dangereux à l'école

Sommaire

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Les jeux dangereux se sont multipliés dans les écoles et collèges, ces dernières décennies. Parent, grand-parent, éducateur ou enseignant, vous avez de quoi être effrayé ! Comment protéger vos enfants, ou ceux dont vous avez la charge ? Peut-être en apprenant à comprendre ces jeux, et en expliquant aux enfants les enjeux, les risques et les solutions permettant de s'y soustraire.

Zoom sur les jeux dangereux à l’école

On distingue 2 types de jeux dangereux à l’école :

  • les jeux de non-oxygénation ;
  • les jeux d’agression et de défi.

Les jeux de non-oxygénation

Jeu du foulard, jeu des « trente secondes de bonheur », « jeu des poumons », « jeu de la tomate », « rêve indien », « rêve bleu » sont des jeux dangereux, dans lesquels il s'agit d'empêcher la respiration par l'étranglement (avec une écharpe, un foulard, une pendaison), la compression (avec les pouces ou les mains) ou l'apnée. 7 à 11 % des collégiens (selon les études) ont déjà joué à ces jeux.

Le danger est réel : ces jeux dangereux entraînent un arrêt de la circulation veineuse et une souffrance cérébrale, pouvant conduire à une perte de connaissance, une encéphalopathie, ainsi qu’à des lésions irréversibles telles qu’une cécité, une surdité ou diverses paralysies graves et irréversibles.

  • Ces jeux peuvent aussi être la cause de maux de tête intenses, d'amnésies, d'une tendance à la somnolence et à des difficultés scolaires.
  • Les sensations étranges et hallucinations vécues par les joueurs sont justement le signe que le cerveau est mal irrigué et que le danger est réel.
  • Le risque de mort est d'autant plus grand que l'enfant y joue régulièrement. Et s'il y joue seul chez lui, personne ne pourra le réveiller.

Des chercheurs ont montré que la pratique intensive et répétée du jeu du foulard peut aussi être à l’origine d’un véritable comportement de dépendance, qui pousse l’enfant ou le jeune à rechercher toujours plus de sensations.

Les jeux d'agression et de défi

12 % des collégiens ont déjà été soumis à des jeux d'agression physique ou psychologique... et de nombreux enfants en école maternelle ou primaire également.

  • Il arrive que les enfants passent de la position de victime à celle de bourreau.
  • Mais certains enfants deviennent plus souvent la cible des autres. Et parfois, la victime n'est pas consentante : le jeu est totalement contraint.
  • Ces jeux passent parfois par des téléphones portables, par des réseaux sociaux ou plus généralement par Internet.

Bon à savoir : la loi n° 2018-698 du 3 août 2018 renforce l'interdiction d'utilisation des téléphones portables à l'école. Dans les écoles maternelles, élémentaires et les collèges, les élèves ne peuvent pas utiliser leur téléphone portable, que ce soit dans l'établissement ou lors des enseignements à l'extérieur, sauf exceptions prévues par les règlements intérieurs. Dans les lycées, cette interdiction doit être définie dans le règlement intérieur.

Ils sont une forme réelle de maltraitance et de harcèlement entre pairs.

Les jeux de défi se caractérisent par des cascades ou gestes dangereux sous l'injonction « t'es pas cap ». Hématomes, plaies, fractures, séquelles neurologiques ne sont pas rares. Ces jeux peuvent provoquer la mort si les fonctions vitales sont touchées.

Les victimes de jeux d’agression peuvent avoir des manifestations psycho-traumatiques : troubles du sommeil, manifestations neurovégétatives, se retrouver en état de stress post-traumatique et avoir des symptômes anxio-dépressifs. Entre autres, certains enfants développent une phobie scolaire ou bien des idées suicidaires qui peuvent mener à des passages à l'acte.

1. Appréhendez ces comportements dangereux

Comprendre le rôle du plaisir

La plupart des enfants ou des jeunes qui renouvellent ces jeux le font parce qu'ils en ont tiré du plaisir :

  • Les jeux de non-oxygénation provoquent des hallucinations et des visions colorées.
  • Certains jeunes éprouvent une excitation, du plaisir sexuel.

Connaître les facteurs de risque

Les enfants souffrant de trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité ont tendance à moins percevoir le danger, ce qui peut favoriser les activités dangereuses, qui nourrissent également leur besoin d'activité et de sensations.

Vis-à-vis de ces enfants, l'adulte a tout intérêt à les aider à canaliser leur énergie et à exprimer autrement leurs émotions.

La prise de risque peut aussi être l'expression d'un mal-être, d'un traumatisme. Mais elle ne touche pas seulement des jeunes vulnérables, loin s'en faut.

2. Décelez les signes d'alerte

Une étude a révélé que moins de 30 % des enfants confrontés à ces jeux dangereux demande l'aide d'un adulte, et seuls 3,5 % se tournent vers leurs parents.

Décelez les signes de jeux de non-oxygénation

Les signes physiques et psychologiques des jeux de non-oxygénation sont :

  • des signes de rougeur sur le cou ;
  • des maux de tête ;
  • des troubles visuels, auditifs ;
  • soucis de concentration, de mémoire ;
  • fatigue, agressivité ou repli sur soi ;
  • port de foulard ou d'écharpe que l'enfant veut garder pour lui.

Décelez les signes de jeux d’agression ou de défi

Les signes physiques et psychologiques des jeux d'agression ou de défi sont :

Blessures, traces de coup, vêtements abîmés, sueur, tremblements, douleurs abdominales, nausées, troubles du sommeil, peur ou refus d'aller à l'école, agressivité, violence verbale ou physique.

3. Expliquez les risques à vos enfants

La prévention des jeux dangereux s'inscrit dans une politique globale de prévention des conduites à risques, elle constitue l’un des axes du comité d’éducation à la santé et à la citoyenneté (CESC) des établissements.

Prévenir ces jeux chez les enfants

Les enfants de moins de huit ans sont souvent entraînés par des plus grands.

  • Ils n'ont pas encore conscience des risques et sont généralement sensibles aux messages des adultes.
  • Il convient donc de leur faire prendre conscience de la gravité de ces jeux et de les aider à s'y soustraire (prévenir un adulte…).

Prévenir ces jeux à l'adolescence

L’adolescence modifie profondément le corps et l'esprit des enfants. S'ils ont désormais conscience de la mort et d'un certain nombre de risques, ils sont souvent animés d'un sentiment d'invulnérabilité et d'une illusion de maîtrise en décalage avec leurs capacités réelles.

Leurs passages à l'acte leur permettent de tester leur nouveau corps, de développer leurs aptitudes et leur identité.

D'après les chercheurs, l’adolescent, en affrontant le danger, brise symboliquement les barrières de l’enfance en devenant partie intégrante du groupe de pairs, rattachant ainsi la prise de risque à l’une des plus vieilles traditions de l’humanité : celle des rites de passage.

Vis-à-vis d'eux il convient d'expliquer les risques et leurs conséquences et de proposer des activités permettant d'exercer ce besoin sans prise de risque trop grande :

  • Quelques idées : le théâtre, les arts martiaux, le cirque…
  • Il s'agit de leur proposer des activités qui leur font éprouver des sensations fortes ou leur font tester leurs capacités, développer leur identité et leur singularité dans un cadre sécurisé.

4. Réagissez en cas d'incident

En tant que parent, faites valoir vos droits

  • Vous pouvez porter plainte, soit auprès des services de police ou de gendarmerie, soit directement auprès du procureur de la République.
  • Vous pouvez aussi prendre contact avec l’association locale d’aide aux victimes adhérentes de la Fédération nationale d’aide aux victimes et de médiation (Inavem) qui peut apporter des conseils d’ordre juridique et/ou psychologique.

En tant qu'adulte éducateur, enseignant

  • Écoutez les enfants en cause, faites parler les élèves, redoublez d'attention, accompagnez l'enfant victime.
  • Construisez un projet de prévention impliquant l'établissement et les associations.
  • Ne donnez pas une importance excessive à un phénomène dont, fort heureusement, beaucoup d’enfants n’ont pas connaissance et dont ils pourraient, alors, se sentir « exclus ». En parler beaucoup peut occasionner un risque d’incitation.

5. Qui appeler à l'aide ?

Si votre enfant participe ou subit des jeux dangereux à l’école, contactez des personnes compétentes pour vous aider à résoudre le problème. Il peut s’agir de l’équipe éducative, mais des associations d’aide aux victimes et même la justice pourront vous épauler.

Au sein de l'établissement scolaire

Les conseillers techniques, conseillers d'éducation, médecins, infirmiers, assistantes sociales.

Au sein de l'Éducation nationale

Recteurs et des inspecteurs d’académie, directeurs des services départementaux de l’Éducation nationale, équipes mobiles de sécurité académiques.

Au niveau de l’État

Police et gendarmerie, sécurité de l’école, procureur de la République, Direction départementale de la protection judiciaire de la jeunesse (DDPJJ).

Les associations

Les services de la santé

Service d’aide médicale urgente, agence régionale de la santé (ARS), centre hospitalier, centre médico-psychologique cellule d’urgence médico-psychologique (CUMP).

  • Le groupement d’intérêt public « Enfance en danger », 119 allô enfance en danger, l’Observatoire national de l’enfance en danger (Oned).
  • La Fédération nationale d’aide aux victimes et de médiation - Inavem : 08 VICTIMES (numéro national d’aide aux victimes) ou 08 842 846 37 (7 jours sur 7 de 9 heures à 21 heures).

Ces pros peuvent vous aider